Par Félicia Fournier
Encore aujourd’hui, la sexualité féminine est un sujet que l’on parle peu dans la société si on compare avec la sexualité masculine et, nous pouvons le constater, notre éducation à beaucoup à y voir – tout comme dans les rôles des femmes et des hommes dans les relations hétérosexuelles. Mai est le mois de sensibilisation et de prévention des agressions à caractère sexuel. Voici trois suggestions d’essais portant à réfléchir et à se questionner sur ce que l’on pourrait faire de mieux pour vivre des relations égalitaires.
Libérer la culotte – essai dirigé par Geneviève Morand et Natalie-Ann Roy
Cet essai est un recueil d’une quarantaine de textes de près de 30 auteurices divisé en plusieurs thèmes : performer, survivre, s’appartenir, déconstruire, jouer et jouir. Ce livre a pour but de dénoncer des situations encore vécues aujourd’hui par les femmes en ce qui concerne la sexualité et les relations de couple. On se questionne sur ce qu’a vraiment apporté la libération sexuelle des années 1970. On y traite de sujets comme les agressions sexuelles, la violence conjugale, le dénigrement corporel, la misogynie, le non-consentement, et plusieurs autres. Et on se rend compte que « la sexualité épanouie requiert de l’espace mental et des relations égalitaires », mais que la plupart du temps, on est bien loin de ça.
J’ai trouvé ce livre fort intéressant et pertinent. J’ai l’impression que, parce qu’on est en 2022, on pense que certaines choses ne sont plus d’actualité, mais ce recueil de textes démontre qu’il n’en est point. Si les femmes ont évolué depuis des décennies, on ne peut malheureusement pas en dire autant des hommes en général et ce livre est un bon point de départ pour mieux connaitre ce que peuvent encore vivre les femmes. Je trouve également admirable le courage de ces auteurices qui ont dénoncé des situations difficiles vécues. Leurs mots touchent nos cordes sensibles et je crois que c’est nécessaire pour faire évoluer les mentalités.
Petit manifeste de la masturbation féminine par Roxane Gaudette Loiseau et Mélanie Guénette-Robert
J’écoutais un talk-show à la télévision et cette question bien pertinente a été posée par l’une des invitées: « pourquoi, alors que je viens de donner la vie, connais-je aussi peu de choses sur mon propre corps? » Depuis qu’on est enfant, on nous conditionne à entrer dans le moule selon notre genre. On sépare les filles et les garçons et on leur explique le rôle de chacun sans s’étendre sur la sexualité qui reste taboue. Ce Petit manifeste de la masturbation féminine a pour but, oui de démystifier cette pratique, mais aussi d’aider les femmes à mieux comprendre leur corps et à en apprendre plus sur l’histoire de la sexualité féminine qui est étonnamment jeune.
« Au fil des ans et de mes apprentissages, je constate, indignée, que notre éducation genrée passe sous silence notre désir et notre plaisir... ou l’invalide », mentionne Mélanie Guénette-Robert en avant-propos. Avec ce livre, on se retrouve dans un espace décomplexifié. J’ai trouvé ma lecture bien enrichissante, car je me suis rendue compte que j’en savais très peu autant sur l’anatomie de mon propre corps que sur les découvertes des chercheurs et chercheuses au fil du temps à ce propos. J’ai le sentiment qu’on m’a appris dans mon éducation la mécanique de la reproduction en oubliant tout le reste. Je pense que ce livre gagnerait à être lu par toutes les femmes pour avoir de meilleures connaissances sur soi-même.
Réinventer l’amour : comment le patriarcat sabote les relations hétérosexuelles par Mona Chollet
Dans son plus récent essai, Mona Chollet se penche sur l’amour et les relations hétérosexuelles. « La perversité de nos sociétés est de nous bombarder d’injonctions à l’hétérosexualité tout en éduquant et en socialisant méthodiquement les hommes et les femmes de façon qu’ils soient incapables de s’entendre. Des partenaires qui se conforment à la lettre à leurs scripts de genre respectifs ont toutes les chances de se rendre très malheureux. » Avec des thèmes comme l’infériorité des femmes dans l’idéal romantique, la violence conjugale ou encore la représentation des femmes dans les productions culturelles, l’auteure nous montre que le patriarcat est encore bien présent au sein des relations amoureuses hommes-femmes et que notre éducation fait en sorte qu’une relation saine est quasi impossible, car elle se base sur l’infériorisation de la femme.
Je trouverais vraiment pertinent que tous et toutes puissent lire cet essai. Il s’agit d’un portrait extrêmement bien documenté des relations hétérosexuelles qui ne semble pas avoir évolué tant que ça au fil des décennies. Ce livre, bien que frustrant à lire, est à mon avis nécessaire. Le seul bémol que j’aurais à dire, est qu’en plus d’illustrer tous ces faits, j’aurais aimé que l’auteure amène des solutions concrètes au problème. « Les hommes ont besoin autant que les femmes de nouer des relations profondes et satisfaisantes avec autrui, et les femmes ont besoin autant que les hommes de pouvoir être authentiquement elles-mêmes et de s’exprimer sans autocensure. Pourquoi, alors, ne nous révoltons-nous pas? Pourquoi le patriarcat continue-t-il de nous imposer sa loi à toutes et à tous? »
Pour vous les procurer :
Commentaires
Publier un commentaire