Survivaces : la volonté d’une femme d’être entendue

Par Félicia Fournier 

Dans le cadre des 12 jours d’actions contre les violences faites aux femmes, je cherchais quelle touche je pouvais amener à ce mouvement si important pour moi. Au début du mois se tenait le Salon du livre de Rimouski où j’ai pu assister à une entrevue avec notamment Geneviève Rioux, auteure du recueil de poèmes Survivaces racontant les tentatives de meurtre qu’elle et sa mère ont vécu à deux époques et à deux endroits différents. J’avais déjà lu ce recueil au cours de l’été et je me souviens des émotions qu’il m’a fait vivre. Entendre l’entrevue de Geneviève et constater l’ouverture qu’elle a à nous partager son histoire m’a convaincue de vous parler davantage de ce livre qui, à mon avis, devrait être lu par toutes et tous.

Dès les premières pages de Survivaces, nous apprenons que Geneviève Rioux est survivante d’un féminicide survenu dans la nuit du 7 au 8 avril 2018 à Sherbrooke. La poète, refusant d’être réduite au silence, « écrit ce recueil de poésie comme une reprise de pouvoir et de liberté. » Avec Survivaces, « elle donne voix à la souffrance d’une famille, à celle des ami.es, des proches et des connaissances, toutes et tous victimes de ces violences. »

Le recueil est divisé en trois parties principales : Probabilité (où le moment de l’agression est raconté), Dénombrement (où un parallèle entre l’histoire de Geneviève et celle de sa mère est mis de l’avant de même que l’amorce d’un processus de reconstruction) et Sérendipité (où l’on ressent de l’espoir, le désir d’avancer et la volonté de faire de l’épreuve quelque chose de positif). Tous les poèmes sont en prose et accessibles à tous. Il est facile de comprendre et de se faire des images dans notre tête. Les mots sont percutants et le rythme est intense, ce pour quoi le recueil est aussi poignant. À la fin, nous retrouvons une postface de David Goudreault qui a aidé la poète dans le processus de publication de son histoire.

J’ai été bouleversée du début à la fin de ma lecture. L’auteure vient nous chercher avec chacun de ses mots et on ne peut être insensible à aucun de ses poèmes. Nous lisons véritablement une histoire, pas seulement des poèmes unis sous le même thème et le fait qu’il s’agit d’une histoire vécue vient chercher toutes nos émotions. J’ai déjà hâte de lire les futures œuvre de Geneviève Rioux pour qui devenir écrivaine était un rêve.

Son agresseur n’ayant jamais accusé, la poète obtient justice dans l’écriture et le partage de son histoire. Ayant dû faire un cheminement afin de ne plus laissé l’histoire de sa mère influencer ses peurs, elle ne voulait pas laisser un individu détruire tout ce qui avait pu être construit. C’est nous qui choisissons le sens qu’on donne aux événements qui nous arrivent, est une phrase qui m’a marquée de l’entrevue du Salon du livre mentionnée plus haut. Avec son recueil, Geneviève Rioux donne une voix aux femmes qui subissent de la violence et qui sont réduites au silence. J’admire tout son courage et sa volonté d’être entendue.

« Ma parole pour toutes
Celles qu’on a tues
Celles qu’on a tuées

Avant-goût de métal
Je me délie la langue
Dominée, indomptable
À qui la cage, à qui la cage? »

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