Journée internationale des femmes : trois essais féministes essentiels

Par Félicia Fournier

« Nous n’aurons plus besoin du 8 mars quand on cessera de dénoncer le féminisme et que l’égalité pour toutes les femmes sera atteinte », écrit Marie-Eve Surprenant dans son essai publié en 2015. Le 8 mars est synonyme de Journée internationale des femmes officiellement depuis 1977. Chaque jour, des femmes de partout dans le monde doivent se battre pour faire valoir leurs droits. Voici trois essais pertinents et essentiels pour mieux comprendre la nécessité du féminisme dans nos sociétés.



Manuel de résistance féministe de Marie-Eve Surprenant

Cet essai dresse un portrait historique, théorique et politique du féminisme. « Le féminisme est un mouvement social qui lutte pour l’atteinte de l’égalité entre les femmes et les hommes. ». Il « agit pour améliorer la qualité et les conditions de vie de toutes les femmes. » On retrouve dans ce livre des définitions comme celle-ci, mais aussi une panoplie de concepts et de faits montrant l’évolution de la condition des femmes dans toutes les sphères de la politique à la vie domestique. L’auteure traite des inégalités persistantes dans la société et démystifie le féminisme comme un mouvement social qui a toujours lieu d’être.

J’ai appris énormément de choses en lisant cet essai ! Souvent, le féminisme porte une connotation négative, mais en lisant ce livre, on comprend que ce mouvement est encore nécessaire, car même si on a l’impression de vivre dans une société égalitaire, on constate avec cette lecture, qu’il reste encore beaucoup de chemin à faire. J’ai également aimé le ton parfois sarcastique qu’emploie l’auteure. Cela vient appuyer l’absurdité de certains faits. Bref, cet essai est une pépite d’information pour tous ceux et celles qui veulent approfondir leurs connaissances sur le féminisme et qui veulent avoir un portrait complet du mouvement social.


Sorcières : la puissance invaincue des femmes de Mona Chollet

Dans son essai, Mona Chollet se penche sur la figure de sorcière dans nos sociétés. Pour elle, « la sorcière incarne la femme affranchie de toutes les dominations, de toutes les limitations ; elle est un idéal vers lequel tendre, elle montre la voie. » L’auteure nous présente trois types de femmes qui étaient visées par la chasse aux sorcières des siècles précédents : la femme veuve ou célibataire, la femme sans enfant et la femme âgée. Elle montre comment les conséquences de cette chasse aux sorcières ont façonné la manière dont nous voyons la femme aujourd’hui.

J’ai trouvé cette lecture hyper intéressante et j’ai appris beaucoup sur ces femmes que l’on accusait de sorcellerie alors que leur seul « crime » était de ne pas dépendre d’un homme. J’ai aussi vécu plusieurs frustrations en lisant les propos relatés par l’auteure. Elle montre que toute cette violence est née « d’une peur devant la place grandissante que les femmes occupaient alors dans l’espace social », l’Église en étant pour beaucoup dans la campagne de propagande qui était instaurée. Bref, encore une fois, nous avons un essai pertinent qui aide à comprendre pourquoi les femmes vivent encore autant d’inégalités et qui montre que tout part de la manière dont on éduque les filles et les garçons et des images qu’on leur met sous les yeux.


Le boys club de Martine Delvaux

Cet essai, plutôt que de mettre l'accent sur les conditions féminines comme les deux précédents ouvrages, se concentre davantage sur les hommes quasiment devenus invisibles dans la société tellement ils sont la « norme ». « On constate l’absence des femmes, on pense leur effacement ou leur domination, leur humiliation, leur sacrifice mais est-on capable de penser l’omniprésence masculine ? » peut-on lire dans les premières pages du livre de Martine Delvaux. L’auteure se penche sur le boys club, ce club d’hommes blancs et riches qui exerce une domination sur le reste de la population. Elle montre en donnant des exemples tirés du cinéma, de l’architecture, de la politique, comment le boys club étend son emprise dans nos sociétés souvent même sans que l’on s’en rende compte.

Ce livre est assez préoccupant dans le sens où on constate à quel point le boys club est dominant et menaçant. Encore une fois, on apprend beaucoup de cet essai et on se rend compte que des choses que l’on considère comme normales ne le sont pas tant que ça. Par exemple, lorsqu’on écoute un film ou une série, on aime voir des personnages féminins tentant de faire sa place dans un « monde d’hommes », mais on ne remet jamais en question la forte présence masculine. L’essai de Martine Delvaux nous fait énormément réfléchir en ce sens. Ce livre est essentiel pour comprendre l’évolution du boys club et comment il façonne encore notre vision du monde aujourd’hui.

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