Même si la plupart des faits relatés ont de quoi traumatiser,
on ne verse pas pour autant dans la description horrifique ni dans le pathos.
Au contraire, on sent bien la formation policière derrière le ton pragmatique
employé dans les différents témoignages pour rendre les évènements et le
ressenti du moment. D’ailleurs, le ton utilisé par la survivante de Dawson en
introduction est davantage dans la transmission des émotions. Les policiers,
eux, relatent les faits, plus qu’ils cherchent à transmettre les émotions
vécues.
Parmi les interventions rapportées, on retrouve meurtres,
accidents tragiques, maltraitance d’enfants, agressions sexuelles, fusillades,
poursuites, disparitions et plus encore. Pour faire face à ces situations, les
policiers et les policières doivent ériger un mur psychologique pour se protéger,
mais celui-ci peut céder à n’importe quel moment. Dès qu’ils enfilent
l’uniforme pour la première fois et tout au long de leur carrière, ils sont
susceptibles de se retrouver face à une situation suffisamment marquante pour
qu’ils se remettent en question et se demandent s’ils sont capables de
continuer dans leur profession. Si certains vivent cette remise en question
dans les premières heures ou les premiers jours de leur carrière, cela arrive
aussi aux plus expérimentés. Dans un des récits, un agent du GTI est atteint
par balle lors d’une intervention. Transporté à l’hôpital, il perd son
sang-froid lorsqu’il est installé aux côtés du responsable de sa blessure.
Quand il obtient son congé, il demande à retourner prendre place à bord du
véhicule du GTI pour s’assurer qu’il est toujours en mesure d’accomplir son
travail.
Dans le contexte actuel, alors que plusieurs pointent les
forces policières du doigt, ce livre fait du bien. Comme le souligne
Marie-Andrée Fallu en avant-propos, « les policiers qui respectent l’humain
sont les plus nombreux des forces de police, mais […] ce ne sont pas eux qui
font les manchettes. » Même s’ils démontrent les horreurs auxquelles sont
confrontés ces hommes et ces femmes dans leur métier, ces témoignages rappellent
aussi que derrière l’uniforme, il y a un être humain. Le thème de la santé
mentale est récurrent. On mentionne d’ailleurs à plusieurs reprises l’organisme
qui vient en aide aux hommes et aux femmes qui portent ou ont porté l’uniforme,
la Vigile. Une sergente-détective indique même dans son témoignage qu’après
tous les évènements auxquels elle a assisté, elle a « le cerveau cicatrisé ».
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