Coeur policier de Marie-Andrée Fallu

Paru aux Éditions de l’Homme en septembre 2020, Cœur policier. 30 policiers et policières racontent l’intervention la plus marquante de leur carrière est le premier livre solo de Marie-Andrée Fallu, elle qui est la co-auteure de Moi, soldat. Elle-même femme d’un policier, elle a voulu, par le regroupement de ces trente récits, « montrer à la population le côté altruiste de policiers et policières qui jouent un rôle positif dans la société ». Les évènements relatés se sont déroulés entre 1987 et 2018, et ce, partout au Québec, du nord au sud, et même ailleurs, par plusieurs corps policiers différents.

Même si la plupart des faits relatés ont de quoi traumatiser, on ne verse pas pour autant dans la description horrifique ni dans le pathos. Au contraire, on sent bien la formation policière derrière le ton pragmatique employé dans les différents témoignages pour rendre les évènements et le ressenti du moment. D’ailleurs, le ton utilisé par la survivante de Dawson en introduction est davantage dans la transmission des émotions. Les policiers, eux, relatent les faits, plus qu’ils cherchent à transmettre les émotions vécues.

Parmi les interventions rapportées, on retrouve meurtres, accidents tragiques, maltraitance d’enfants, agressions sexuelles, fusillades, poursuites, disparitions et plus encore. Pour faire face à ces situations, les policiers et les policières doivent ériger un mur psychologique pour se protéger, mais celui-ci peut céder à n’importe quel moment. Dès qu’ils enfilent l’uniforme pour la première fois et tout au long de leur carrière, ils sont susceptibles de se retrouver face à une situation suffisamment marquante pour qu’ils se remettent en question et se demandent s’ils sont capables de continuer dans leur profession. Si certains vivent cette remise en question dans les premières heures ou les premiers jours de leur carrière, cela arrive aussi aux plus expérimentés. Dans un des récits, un agent du GTI est atteint par balle lors d’une intervention. Transporté à l’hôpital, il perd son sang-froid lorsqu’il est installé aux côtés du responsable de sa blessure. Quand il obtient son congé, il demande à retourner prendre place à bord du véhicule du GTI pour s’assurer qu’il est toujours en mesure d’accomplir son travail.

Dans le contexte actuel, alors que plusieurs pointent les forces policières du doigt, ce livre fait du bien. Comme le souligne Marie-Andrée Fallu en avant-propos, « les policiers qui respectent l’humain sont les plus nombreux des forces de police, mais […] ce ne sont pas eux qui font les manchettes. » Même s’ils démontrent les horreurs auxquelles sont confrontés ces hommes et ces femmes dans leur métier, ces témoignages rappellent aussi que derrière l’uniforme, il y a un être humain. Le thème de la santé mentale est récurrent. On mentionne d’ailleurs à plusieurs reprises l’organisme qui vient en aide aux hommes et aux femmes qui portent ou ont porté l’uniforme, la Vigile. Une sergente-détective indique même dans son témoignage qu’après tous les évènements auxquels elle a assisté, elle a « le cerveau cicatrisé ».


Pour vous le procurer :

https://www.leslibraires.ca/livres/coeur-policier-30-policiers-et-policieres-marie-andree-fallu-9782761954242.html?u=99717

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